Pour une stratégie zéro covid solidaire et démocratique (ou comment vivre sans le virus). Ce titre pourrait le laisser penser, mais il n'est pas question ici de prôner une stratégie zéro covid à la chinoise avec confinement autoritaire. La stratégie dont je parle se veut solidaire et démocratique et j'ose espérer que l'ajout de ces deux termes lèvera toute ambiguïté.
Article initialement paru sur le blog mediapart de Mamitamia.
Face à la pandémie, notre besoin vital est que nous construisions ensemble une auto-défense sanitaire et que nos voix cornent de plus en plus nombreuses et assez fort jusqu'au sommet de l'état pour exiger des mesures solidaires. Selon l'appel du collectif Zéro covid solidaire du 10 février de cette année, toujours d'actualité et de plus en plus pressant : https://zero-covid.wixsite.com/accueil/post/faisons-front-pour-construire-l-autodéfense-sanitaire-et-exiger-des-mesures-solidaires
Sous peine de ne jamais sortir de cette pandémie. Pour que soit mise en place une politique de santé publique de réduction des risques selon le modèle de l'emmental : https://www.courrierinternational.com/grand-format/infographie-faire-face-la-pandemie-grace-au-modele-delemmental
Hors de question de continuer à vivre autrement que «sans le virus». De continuer à jouer ainsi avec nos vies et notre santé.
J'estime et nous sommes un certain nombre à estimer (pas suffisamment hélas) que la stratégie dominante en vogue actuellement de « vivre avec le virus » revient à éliminer les plus faibles (« élimination des plus faibles » c'est pas un peu trash, ça, non ? ça ne vous rappelle rien ?). De plus, elle est basée sur une méconnaissance, voir une connaissance partielle pas mal entachée d'erreurs qui va chez certains jusqu'au déni de la pandémie et de ses ravages. Rappelons qu'elle a déjà fait 15 millions de morts dans le monde : https://www.lindependant.fr/2022/05/09/covid-15-millions-demorts-loms-devoile-le-vrai-bilan-de-lepidemie-10284402.php
Une stratégie zéro covid solidaire et démocratique, ça veut dire : comment on fait pour vivre sans le virus ? Ce virus qui, selon notre organisme, ne rend pas malade du tout (pour les personnes asymptomatiques), ou bien rend juste un peu malade, ou bien encore gravement malade. Ce virus qui laisse un peu trop souvent après son passage des séquelles douloureuses et invalidantes ou qui prend carrément le dessus jusqu'à la mort de son «hôte ». Avec de très désagréables surprises en vue pour ceux qui se croient plus forts ou à l'abri par l'opération du Saint-Esprit.
Quand je dis (ou j'écris) zéro covid solidaire et démocratique, je ne parle ni d'éradication, ni d'élimination, ni de suppression du virus. Les virus étaient présents sur terre bien avant nous (car toute la création suivait les plans de la déesse Gaïa, si on se réfère aux croyances des anciens grecs). Il existe sur notre planète plus de virus que d'étoiles dans l'univers. Seule une toute petite fraction des virus qui nous entourent sont une réelle menace pour notre organisme. La plupart des maladies contagieuses qui s'immiscent dans la population humaine sont des zoonoses, c'est à dire transmises par des animaux. Nous avons une longue histoire avec les virus et les bactéries qui, tout comme nous, peuplent la terre. Il y a les virus et les bactéries bonnes pour nous (comme par exemple celles qui pullulent dans nos intestins et sans lesquelles nous ne pourrions pas digérer ce que nous mangeons) et puis il y a les virus et les bactéries dites pathogènes, c'est à dire qui nous rendent malades (comme le covid 19), et qui ont besoin «d'hôtes» tels que nous pour «persévérer dans leur être» (cette fois-ci à nos dépens), selon la fameuse formule du philosophe Spinoza : https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2020/04/il-y-plus-de-virus-que-detoiles-et-pourtant-seulement-certains-nous-affectent
Nous savons, grâce au témoignage du missionnaire Bartolomé de Las Casas, que le génocide des indiens d'Amérique était dû non seulement à la violence des conquistadors, au travail forcé et à l'esclavage, mais aussi à leur allié inattendu, davantage microscopique et sournois, le virus de la variole, porté par les envahisseurs espagnols, contre lequel les populations amérindiennes (aztèques, incas, etc.) n'étaient pas immunisées.
Plus tard, la peste, due à une bactérie transmise par piqûre de puce, une anthropozoonose (du grec anthropos = homme, zôon = animal, et nosos = maladie), c'est à dire une maladie commune aux humains et aux animaux, a dévasté l'Europe à maintes reprises. Son réservoir ce sont les rongeurs sauvages. La peste reste endémique dans plusieurs régions du monde (Asie centrale, Ouest des États-Unis, Afrique notamment Madagascar…). Aujourd'hui, traitée à temps par des antibiotiques on y survit. Mais elle reste redoutable dans sa forme pulmonaire en milieu urbain dégradé dont le système de santé est déficient.
On peut parler aussi du choléra, maladie toute aussi effrayante. En 1832, 100 000 français (sur 33 millions) meurent du choléra. La capitale est particulièrement touchée, surtout les quartiers pauvres. Un recueil de données sur la mortalité est mis en place qui permettra en 1848 lors de la deuxième épidémie de comprendre que l'eau est le principal vecteur de la propagation du choléra. En 2010, l'Organisation des Nations Unies émet que l'eau potable est un droit de l'homme (mieux vaut tard que jamais !). Pourtant, selon un rapport de 2020 de cette même institution, seulement 54 % de la population mondiale a accès à des services d'assainissement de l'eau gérés de manière sûre. Petit aparté à propos de cette institution qu'est l'ONU (comme à propos de tout ce qui se donne des apparences d'agir pour le bien de l'humanité), des troupes de l'ONU ont été responsables d'une contamination de choléra importante et mortelle en Haïti en 2010 : https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/19/l-onu-admet-saresponsabilite-dans-l-epidemie-de-cholera-en-haiti_4985249_3244.html. Le tout est de le savoir. Comme ça on peut faire la part des choses dans la façon de prendre ses informations. Le martyr de la population du Yémen victime de ce fléau du choléra en plus de la guerre, du covid et de la famine montre le peu de cas que les belligérants et tous ceux qui leurs fourbissent des armes (dont notre beau pays la France) font de toute vie humaine. Tous ces «viva la muerte !» de tous pays qui nous rendent la tâche si difficile.
Et puis la grippe espagnole il faut bien en parler, également appelée « pandémie grippale de l'année 1918 », est une pandémie de grippe A (H1N1), due à une souche particulièrement virulente et contagieuse. Bien que les premiers cas dûment répertoriés soient apparus en France et aux Etats-Unis, on lui a attribué le nom de « grippe espagnole » car l'Espagne (non impliquée dans la Première guerre mondiale ) fut le seul pays à publier librement les informations relatives à cette épidémie. En un peu plus d'un an, en nombre de morts, la pandémie aura fait finalement plus de victimes dans le monde que la Première guerre mondiale entre août 1914 et novembre 1918. Comme souvent, cette grippe a eu pour origine l'interaction entre les humains et les élevages de porc et de volaille. La grippe fut l'occasion de déployer certains gestes barrières : lavage des mains, interdiction de cracher dans la rue, port du masque, interdiction des attroupements, « rester chez soi », mise en quarantaine, fermeture d'écoles, interdiction de services religieux, fermeture de divertissements publics, interdiction de l'affluence dans les commerces. Toutefois, les réglementations des gestes barrières variaient selon les régions et les pays. Ainsi en France, pays englué dans la Première guerre mondiale depuis 1914, aucune mesure générale n'est prise par les autorités jusqu'en août 1918. Les premières décisions coercitives sont prises en automne 1918. L’État publie alors des circulaires invitant les préfets à prendre des mesures d’hygiène contre la propagation de l’épidémie : fermer les écoles et théâtres, éviter les rassemblements, désinfecter les transports, etc. Leur mode d'application concrète est laissé à l'initiative des préfets et des municipalités. Il paraît difficile d’ordonner des mesures générales alors que la circulation du virus est mal cernée : « Les autorités n’avaient pas de représentation exacte de la géographie de l’épidémie. ». De plus, toute mesure générale risque de devenir un signe de faiblesse en direction de l’ennemi. Les décisions locales sont plus discrètes. Des consignes de distanciation physique existent aussi, mais elles sont appliquées dans les hôpitaux et ne sont pas préconisées à l’ensemble de la population : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grippe_espagnole
Combien de temps encore avant que le recueil de données sur la mortalité covid permette d'établir et de porter à la connaissance de tous les citoyens et de toutes les citoyennes que l'air est le principal vecteur de la propagation du covid-19 ? Et d'en déduire donc toutes les mesures qui devraient être prise pour stopper cette propagation ? Combien de temps pour se réapproprier certains des gestes barrières de 1918 comme le port du masque et la distanciation physique ou rester chez soi quand on est malade ? Voici deux ans que nous diffusons cette information que le coronavirus est aéroporté (nous et quelques autres scientifiques et associations dignes de ce nom) sur le mur Facebook de notre collectif Zéro covid solidaire. Combien de temps avant d'avoir toutes et tous accès à un air débarrassé du covid-19 et de tous ses variants sur nos lieux de travail et dans nos vies ?
Voilà comment je vois une stratégie zéro covid solidaire et démocratique : mûrement réfléchie, débattue, mise au point, adoptée, appliquée par chacun et chacune de nous dans l'intérêt commun. Adaptée, voir corrigée s'il le faut, au fur et à mesure qu'avancent nos connaissances et que nous pouvons faire des bilans, apprendre de nos succès et de nos erreurs. Basée sur la construction collective d'une auto-défense sanitaire et l'exigence de mesures solidaires dont voici les points principaux :
1/ Je porte le masque pour me protéger et protéger mon entourage (dans lequel il y a toujours et forcément une personne vulnérable qui pourrait mourir de ma négligence) dans tous les lieux clos et là où il y a foule. Un FFP2 de préférence car il est plus efficace que le chirurgical. Les masques en coton ne valent quasiment rien. Je le porte correctement, pas sous le nez, ni sous le menton, ni accroché à l'oreille d'un seul côté ni autour du bras ou que sais-je encore. Je réclame la gratuité de ces masques FFP2 ou je soutiens ceux qui la réclament jusqu'à l'obtention parce qu'ils sont chers et que tout le monde n'a pas les moyens de se les payer. Parce qu'un masque ça se change chaque jour, et que porter le même masque crasseux pendant plusieurs jours voir plusieurs semaines ce n'est pas ce qui se fait de mieux question hygiène et efficacité contre le virus. C'est malheureusement ce qui se passe pour ceux qui sont conscients de leur utilité et qui voudraient le porter mais sont trop fauchés (parce que mal payés) pour mettre 30 € par mois dans un budget qui ne leur permet déjà pas de se loger se nourrir se vêtir correctement sans parler de tout le reste auquel tout le monde devrait aussi avoir accès (santé, loisirs, culture, club sportifs etc).
2/ Je me teste régulièrement et à chaque fois que je ressens un des symptômes du covid en évitant de me dire que ce n'est qu'un rhume ou une grippe, de la fièvre ou un mal de tête dont je vais me débarrasser avec un doliprane, ou une diarrhée qui va passer en buvant du coca ou de l'eau de riz ou en mangeant des bananes et des carottes : https://www.ameli.fr/assure/covid-19/symptomes-gestes-barrieres-cas-contact-et-isolement/covid19-reconnaitre-la-maladie-et-ses-symptomes-adopter-les-bons-gestes. Mieux vaut se tester pour rien que risquer d'être positif sans le savoir et contaminer tout le monde autour de soi. Là encore je demande la gratuité des auto-test et je soutiens ceux qui la demandent. Et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour que cette demande aboutisse.
3/ Si l'auto-test est positif, je fais un test PCR pour être répertorié dans la base de donnée (ça permet de garder une trace de tous les cas, et c'est important pour les statistiques et la recherche) et pour confirmer que je suis positif au covid, ce qui signifie que je l'ai attrapé et que je suis donc contagieux. Je m'isole en me confinant chez moi après avoir pris contact avec un docteur qui me remplisse un arrêt maladie. Si je suis précaire ou sans papiers et que je risque de perdre mon travail et de ne pas être payé si je suis malade, je me rapproche des personnes qui sont dans la même situation que moi et des syndicats de travailleurs qui me conseilleront. La solidarité de classe, y'a pas mieux. Chez-moi, je prends toutes les mesures possibles pour ne pas contaminer mes proches et si les symptômes deviennent alarmants (problèmes de respiration qui nécessitent de l'oxygène par exemple) je me fais amener à l'hôpital en passant par les urgences. Exercice pas simple du tout et très éprouvant car ils trient et sont toujours prêts à trouver plus urgent que moi, même si je suis à l'article de la mort. La persévérance s'impose. L'obstination. « Struggle for life ». La lutte pour la vie. Pour ma vie. S'impose aussi de participer au combat collectif pour que cesse la destruction de notre système de santé et la fermeture des lits dans les hôpitaux. Pour que les hôpitaux ne soient pas gérés comme des entreprises ayant pour vocation de faire du fric. Autre chose à faire impérativement : prévenir les personnes avec lesquelles j'étais en contact avant de choper le covid pour qu'elles aussi prennent les mesures qui s'imposent en tant que cas-contact : se tester et s'isoler elles aussi.
4/ J'exige des mesures solidaires. Telles que la levée des brevets sur les vaccins, pour qu'ils deviennent dans les faits un bien commun de toute l'humanité et pas uniquement la source d'enrichissement de la poignée de capitalistes qui sont à la tête des multinationales du médicament. J'exige que le port du masque soit obligatoire dans tous les lieux collectifs le temps que l'assainissement de l'air rende cette mesure inutile. J'exige (et je rejoins et soutiens le combat de toutes les personnes et toutes les associations qui le mènent déjà), l'investissement dans des systèmes d'aération avec une surveillance du CO2 ou bien des purificateurs d'air avec des filtres à 0,1 micron pour piéger des particules aussi petites que des virus (avec une bonne maintenance périodique et un changement régulier des filtres sinon, le purificateur il devient juste décoratif au bout d'un moment) : https://nousaerons.fr/
Et cela dans tous les lieux collectifs, à commencer par les salles de classe, les magasins, les bureaux, les ateliers, les bars, les restaurants, les gymnases, les piscines, les cinémas, les salles de spectacles, ...mais aussi dans nos maisons. J'en oublie bien sûr. Je vous laisse compléter la liste. Pour se guider je dirais que partout où il y a de l'eau potable, il faut également un air sain. Et partout où il n'y a pas d'eau potable, il faut de l'eau potable et un air sain.
Zéro covid dans l'air que je respire
Zéro bactérie pathogène dans l'eau que je bois
Zéro produit toxique dans la terre où poussent les céréales, les légumes et les fruits que je mange
Est-ce trop demander ?
Et puis pour terminer, si vous vous voulez bien rester avec moi pour encore un petit moment de lecture, j'ai envie de partager la pensée de la grande philosophe Simone Weil au sujet des droits et des devoirs, rendue limpide sur ce blog : https://aldoror.fr/2017/03/31/droits-et-devoirs-chez-simone-weil
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