Tract diffusé à Lyon par des membres de notre collectif, au sein de la manifestation intersyndicale du 17 mars pour les salaires.
Depuis le début de la pandémie, plus d’une personne habitant en France sur 100 a été hospitalisée pour Covid sévère. Ce, dans un cadre de mesures sécuritaires et illogiques, au sein desquelles la réelle prévention dans le cadre du travail était, en revanche, cruellement restreinte. Et qu'en est-il de la levée des brevets sur les vaccins ? La totalité des parlementaires d'En Marche, Républicains et RN a voté contre, profits obligent.
Le comble de l’absurdité est atteint aujourd’hui avec Elisabeth Borne nous enjoignant à « continuer à nous laver les mains » au travail après le 14 mars 2022. Ce, alors qu'il est avéré par de nombreuses études scientifiques que le Covid-19 se transmet principalement par la respiration et beaucoup moins par le contact. Qu'en est-il en revanche du plan, nécessaire, pour améliorer la ventilation de tous les espaces intérieurs collectifs ? Rien, car il relèverait de sa responsabilité, et non de notre culpabilisation individuelle. Qu'en est-il du port du masque, une autre des mesures parmi les plus efficaces contre le virus ? La fin de son obligation au travail est aussi, en pratique, celle de sa fourniture par l’employeur : désormais, si vous voulez vous protéger, salarié.e.s, vous devrez les acheter vous-même...c’est ainsi que Jean-Michel Blanquer se retrouve finalement dispensé de la fourniture des FFP2 à tou.te.s les enseignant.e.s, pourtant très récemment acquise par la grève.
Parmi les cas de Covid bénins, 10 % des non-vacciné.e.s sont encore malades plus de 3 mois après les premiers symptômes (5 % pour les vacciné.e.s) : c’est le Covid long. Il frappe des personnes de tous âges, y compris des personnes jeunes, en bonne santé, voire sportives, y compris même des enfants. Personne n'est vraiment à l'abri du calvaire d'un Covid long. Pour beaucoup de salarié.e.s, cela signifie alors arrêt de travail prolongé et/ou répétitif et donc pertes de salaires lourdes, voire perte d’emploi. Cela signifie aussi des frais médicaux importants non remboursés. Le Covid long n’est ni recensé ni reconnu en France : pas d’ALD, pas de possibilités de maladie professionnelle. Aucun dispositif de maintien de l'emploi et du revenu. Les professions en relation avec le public (enseignant.e.s, soignant.e.s, caissier.e.s, personnels de nettoyage, travailleurs sociaux/ales…) sont les plus exposées. A ce jour, on peut estimer le nombre de Covid longs à 2 millions en France, mais c’est un non-sujet dans les débats médiatiques et politiques actuels. A tel point que de nombreuses personnes ne savent même pas que leurs symptômes persistants et invalidants constituent un Covid long. S’agissant d’un phénomène de masse, le Covid long nécessite une réflexion syndicale collective et la construction des revendications associées.
12,6 millions de personnes, en France, ont un (ou plusieurs) facteur(s) de risque au Covid (24 % de la population)[1]. Et 17,5 % des salarié.e.s sont dans ce cas de figure. Aujourd’hui, ils/elles font toujours partie, avec les retraité.e.s et les non-vacciné.e.s, des personnes risquant l’hospitalisation. Parmi eux/elles, les 300 000 immunodéprimé.e.s, ainsi que leurs proches, sont mis.es dans une situation particulièrement dramatique par la libre circulation actuellement choisie du virus : ils/elles ont entre 15 et 20 % de risques d’en mourir s’ils/elles sont contaminé.e.s. Quelle insertion professionnelle possible pour eux/elles dans les conditions actuelles ? Quel accès aux concours de la fonction publique, qui nécessitent de composer dans de grandes salles bondées ? Comment se protéger dans l’open-space ou à l’atelier ? Et comme ces personnes ne vivent pas seules, elles restent en outre condamnées aujourd’hui au risque d’être contaminées par leurs enfants (sous protocole Blanquer) ou leur conjoint.e (revenant du travail porteur du Covid). Le rétablissement des possibilités de télétravail voire, si impossible, de chômage partiel, doit à notre avis être revendiqué syndicalement au moins pour les conjoint.e.s des 300 000 plus vulnérables. La scolarité de leurs enfants doit être réellement possible dans l’école qu’on dit « de la République », sans devoir risquer d’être rendus orphelins en y allant.
Par delà les immunodéprimé.e.s, ce sont 12,6 millions de personnes et salarié.e.s qui sont reléguées aux oubliettes de la société et du monde du travail par les mesures actuelles. Ces mesures créent, à leur égard, une discrimination, qui doit être combattue syndicalement avec eux/elles.
Depuis début 2022, plus de 15 000 personnes sont décédées du Covid en France, dans un silence assourdissant. Très majoritairement des retraité.e.s, et ce dès 60-65 ans. ils/elles nous sont présenté.e.s depuis le début de la pandémie comme « voué.e.s à mourir de toute façon ». Trop jeunes pour la retraite, trop vieux pour le Covid ? La question du coût des masques réellement protecteurs face aux variants actuels plus contagieux (masques FFP2) peut être cruciale pour nombre d’entre eux/elles, étant donné la chèreté de ces masques et le maigre montant de la majorité des pensions. A ce jour pourtant, seul.e.s les immunodéprimé.e.s ont accès à des FFP2 gratuits depuis...février 2022 (!), et ils/elles ont dû batailler pour les obtenir.
[1]Les « vulnérables à la Covid-19 essai de quantification, Policy brief 74, 26 juin 2020, OFCE – collège des économistes de la santé – publication en libre accès sur internet
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